Qu'il était beau, mon homme!

Je l'avais à Vienne, en 1906, ou 1907, je crois. Il était beau! Je l'aimais de tout mon cœur, et lui aussi. Nous nous sommes connus seulement quelques mois, mais ce fût assez.
Je me rappelle, il peignait des aquarelles. Elles étaient belles, ses aquarelles! A chaque fois qu'il en finissait une, il me la montrait pour que je lui donne mon avis. Il aimait peindre, et il vivait de sa peinture.
A chaque fois que je le voyais, j'avais envie de me jeter dans ses bras.
Lui aussi.
Nous nous consolions dans nos peines, et cela finissait toujours pas des fous rires avec du Wagner en fond.
Mais cela n'a pas duré longtemps. Quand il s'est fait recaler pour le seconde fois de L'Académie des Beaux Arts, il est parti. Je ne l'ai jamais revu. Je l'ai entendu plusieurs fois, mais jamais revu.

Ah je l'aimais, mon Adolf!

Je n'aurais jamais pu croire qu'il deviendrait comme il est devenu. Je... Je ne puis penser à cela. Pas encore. Jamais. Non, jamais.

Vienne, février 1937.