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La vie devient d'un banal; écouter et s'apitoyer sur les mensonges des uns et des autres personnes bloquées dans le petit écran de la cuisine, dès son réveil, en attendant sagement et inconsciemment que notre bol de lait se mette à bouillir et à refléter notre colère matinale. On sort ça du micro-ondes en se brûlant les doigts -la seule blessure de guerre de la journée, verse les délicieux céréales du vieux marché du coin et on continue à avaler les innombrables paroles très probablement improvisées dans le seul but de conquérir la conscience sensible des millions de télé-spectateurs. Félicitations, nous avons élu un nouveau représentant de notre beau pays que nous haïrons déjà dans quelques mois, et des milliers de naïfs mais honnêtes infortunés n'obtiendront qu'un très faible pourcentage de la valeur de leurs bijoux en or, alors qu'il leur aura fallu voler dans le porte-monnaie de leurs amis et de leurs familles pour parvenir à récolter assez d'argent pour les débourser dans l'achat d'un pendentif.

Ça, n'est qu'une infime partie des pensées qui traversent mon esprit plusieurs fois par jour, en l'espace d'une microseconde. Si je pense trop, c'est bien parce que je n'ai pas vraiment autre chose à faire, mis à part étudier pour faire ce que mes parents m'ont initié à faire depuis bien longtemps: rejoindre la police judiciaire de la ville. Bien que j'entende souvent quelques mots d'une conversation entre eux pouvant faire croire à la préparation d'une revanche d'un assassinat de la s½ur de ma mère ou je ne sais trop quoi, je reste persuadé qu'ils devraient faire les courses plus souvent au lieu de rester scotchés devant des séries policières américaines. Peut-être que je devrais prendre exemple sur eux plutôt que d'étudier sans cesse ?
Ça fait une poignée de semaines que j'ai eu mes 16 ans. Malgré mon statut de grosse tête au lycée, j'ai des fréquentations qui me suffisent largement, entre le fanatique des films d'horreur, mon 'BFF' et membre de l'équipe de football de l'école qui se fait surnommer Lay depuis plusieurs années, et j'en passe.

On est mercredi, jour où ma classe enchaîne des heures d'une sorte de cours de philosophie sur la théorie de l'existence et du rationnel et deux heures de sport, après quoi s'en suivent pour moi d'atroces nausées et maux de tête pendant toute la journée. L'origine de ces douleurs sont toujours inconnues, mais mes médicaments me permettent de réduire la durée assez considérablement la durée de ces dernières, bien que nocifs pour la santé. Pour couronner le tout, aujourd'hui est pratiqué le football; occasion pour Lay de dominer l'équipe adverse, de draguer et de remonter ses notes calamiteuses. Le fanatique, lui, trouve toujours un moyen de se dispenser de sport et de finir ses parties à l'abri du regard du prof.

La journée se passe normalement. Mais à la sortie du lycée, j'ai eu d'étranges pressentiments et impressions qui m'ont instantanément glacé le dos, provoquant une sensation des plus froides et désagréables que je pouvais à peine imaginer.. Le trajet que je dû faire jusqu'à la maison était interminable, mais ma mère a pu me décoincer et réchauffer dès mon arrivée.
Après le repas et les révisions vient le repos tant mérité. Mais avant de me glisser dans mon lit et de poser ma douloureuse face contre mon oreiller, j'ai soudainement pensé qu'il judicieux et raisonnable d'emmener l'appareil photo familial dans mon sac... Pourquoi ? Mes pensées se brouillaient.. L'appareil ne m'est d'aucune utilité.. Aucune. Pour l'instant.