Hier soir, avec mes amis de steam DarkSkorpion78 TeddyBear88 et BeanSlayer : respectivement Barnabé, Théopolde et Jacob, on a décidé de faire les BG en descendant de chez moi boire des bières, au bar de l'immeuble. On s'est dit qu'on en avait marre de frag du zombie sur left4dead et de kill du toss sur sc2, on voulait un peu changer nos routines, alors on s'est organisé cette petite folie entre vieux habitués du clavier

La vérité c'est qu'on en avait marre de déballer du mouchoir à longueur de soirée, et qu'on voulait se rincer l'oeil sur des nanas en chair et en os, sans pixels plats ni voix qui sortent d'une enceinte d'ordinateur Mais ça, on se l'est pas dit, parce qu'on a pas besoin de filles, nous, les no-life, heureux de notre statuts de rejetés sociaux, avec le jostick constamment à la main comme unique source de bonheur (Et c'est le cas de le dire, les murs en sont témoins huhu )

Tout excité de notre virée entre vieux potes, on sort le grand jeu, on s'habille comme des yes-lifes, on enfile les Géox de sortie et moi, je m'autorise même à mettre mon t-shirt AC-DC que j'avais acheté avec les excédents de mes points fnac

Avec un tel équipement, c'est sûr, rien ne nous résistera, pas même nos propres timidités

Quand on est arrivé en bas, tous réunis et la voix un peu tremblante d'émotion, on est entré dans le bar où une musique rock assez forte nous bassinait les oreilles en guise de bienvenue

il y avait des filles partout, la moitié de la salle en regorgeait, toutes plus jolies les unes que les autres, on ne savait plus ou donner du regard ça change des fofo où les filles sont soit des fakes, soit des thons, voire même les deux à la fois de temps en temps

On s'installe sur les bancs d'une table, au fond, dans l'angle du bar, depuis lequel on peut observer le comptoir et les sirènes qui viennent s'y abreuver


N'ayant d'autre sujet de conversation, on commence à discuter tranquillement de zombie, de comment on survivrait en cas de fin du mon par propagation de virus zombifiant, et des nouveaux BO récemment sortis sur starcraft 2, évidemment. Ce qui ne changeait pas beaucoup des conversations qu'on se lançait sur le chat, mis à part que je pouvais admirer IRL Barnabé s'enflammer à propos de son aversion des Dark templars, unité selon lui "over-méga-puissante" qui foutait en l'air tout le matchup TVP. Il maintenait que c'était du cheat, qu'on devait nerf cette cruche d'unité, parce qu'en ladder il suffisait qu'un noob rush DT pour gagner facilement, même face à un pgm tel que lui.

Jacob et théopolde se foutaient de sa geule, parce qu'il estimaient que leur camarade « chiait de la bouche », mais, en levant un doigt et en prenant un air très sérieux, ce cher barnabé a réussi à articuler cette phrase hautement philosophique, entre deux injures de jacob qui le traitait de cornichon sans repartie : "le Dark templar est à Starcraft ce que le magnum sniper est à counter"

Du coup, ça a jeté un froid sur nos cocas (parce que oui, on a commandé du coca et pas de la bière, faut pas déconner non plus, on est des fous mais il y a des limites à ne pas franchir tout de même)

Frustrés et pris au dépourvu par cette réplique cinglante qui roxxait du ponay atomique, Théopolde et Jacob se sont mis à jeter des petites boulettes de papier mâché sur Barnabé, qui essayait de les parer de sa paille en imitant du fond de son gosier des bruit de sabre laser, tout en postillonnant dans son propre verre.

J'aurais ris de ce spectacle si, au même moment, je n'avais pas aperçu cette fille, accoudé au comptoir, sirotant son cocktaïl avec un visage éblouis d'un sourire merveilleux qui faisait fondre mes prunelles.

J'ai dit aux autres de se taire, et de regarder dans cette direction et là, tout le monde s'est vu émerveillé. Elle était magnifique, c'était unanime, ça ne faisait aucun doute, on se trouvait face à une déesse.

Je me lève

-Elle est pour moi, les gars, elle est pour moi!

Barnabé m'a averti:

-Arrête, si tu rush tu vas fail, c'est pas comme un BO cheaté de starcraft une fille.


-Non mais là j'ai une strat infaillible, c'est l'epic win garanti, l'ai-je rassuré.

Du coup, je fais l'admiration de toute la tablée, qui me zieutait comme si j'étais l'incarnation de Kerrigan en personne.

Barnabé n'a pas pu cacher son engouement :

-Rooh, les gars, il nous avait pas dit qu'il s'était préparé pour ce soir, le petit coquin .Dis la strat, allez, dis-la nous, fait partagr!

-Je vais la faire rire

-Mais...Cay nul Tu vas juste fail, comme quand tu avais essayé de draguer la meuf de coco.fr a fait remarqué théopolde.

-Ouai, et en plus t'auras pas les couilles, a dit jacob en pouffant sous son triple menton.

Ah ce qu'ils peuvent m'énerver ces trois sacs à gerbe, je vais leur prouver que leur pote n'est pas un looser comme eux, ils l'auront dans l'os (">

Alors, je m'élance sous les yeux sidérés de mes camarades qui croient à un mirage.

Jacob a balbutié :

-Omg il le fait vraiment ce fou


Je me met en marche vers elle d'un pas très décidé, parce que la blague que je vais lui pondre est à se fendre le ploc

J'arrive vers elle, mes copains me regardaient attentivement depuis derrière, et me donnaient un peu de courage par télépathie, je sentais même les ondes positives de Jacob qui me chatouillent les reins.

- Essaye de pas bider quand même ! A-t-il lancé de travers à titre d'encouragement

Bider, c'était pas dans mon carnet de vocabulaire de toute façon

Arrivé derrière son tabouret, j'ai un peu bousculé ses amis, parce que je devais me faire de la place pour l'atteindre. Et là je l'ai regardé d'un air tout malin et me suis apprêté à lui sortir ma blague d'enfer. En plus il y avait tous ses amis, j'allais pouvoir amuser la galerie, qui très certainement décédera de mon sens de l'humour aiguisé tel un sabre de zelot . Elle me tombera dans les bras, j'aurais plus qu'à les tendre, c'en est plus que probable

Je me suis placé au beau milieu de tout le monde, de façon à ce que je sois bien visible et ai attendu un petit instant pour capter leur attention. ils me regardaient en attendant l'explication de ma venue, tandis que moi, je continuais à entretenir cette complicité qui nous liait tout subitement.
Un des gars a eu l'air de s'impatienter:

-Tu veux quoi mec.

-Je suis venu offrir un verre à cette demoiselle ai-je répondu en désignant le méga-canon.

-Euh, ouai, cool, mais c'est ma cop...

J'ai ignoré ce péon, et reformulé ma requête, à l'intéressée cette fois-ci:

-Je t'offre un verre ?

Elle m'a toisé bizarrement et m'a répondu:

-Euh... je voudrais bien mais là je suis avec mon cop...

Elle avait accepté, géniale, super, mon plan va fonctionner! Alors là, paf, ni une, ni deux je met en scène ma plaisanterie du feu de dieu, je pose un verre vide en plastique que j'avais récupéré sur la table, devant son nez, un grand sourire complice sur les lèvres, en regardant d'un ai joyeux tout autour de moi. et là, l'impensable s'est produit : personne n'a rigolé . Impossible, la subtilité de la blague a dû leur échapper

Alors, j'ai insisté du regarde et cherché des petites lueurs dans leur yeux, mais rien, vide et néant, ils s'étaient, je pense, éteint face à ce paroxysme d'humour

Je tente une petite explication, en bredouillant:

-Le verre là, celui-là, je te l'offre...

C'est là que dans ma sombre existence j'ai compris la signification du mot "vent". Celui-ci était désert, il me soufflait à la geule, me courbait de honte; j'avais l'impression d'être seul au monde.

Je suis parti, les bras raclant le sol, cherchant la consolation chez mes amis, qui tout à coup semblaient bien moins fier d'en faire parti....