Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Des ombres au 'Nam


Par : Yankee-Six
Genre : Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Affectation


Publié le 16/12/2012 à 13:00:38 par Yankee-Six

« Shrew One, ici Shrew Two. Tenez-bon, RT Texas arrive dans cinq minutes pour évacuer vos blessés et votre groupe. Le QG ordonne un retrait général de la colline 352. Nous l’avons perdue.
– Reçu Shrew Two ! Mayback, balance un fumigène ! On se replie sur la ZA Romeo ! »

Et voilà comment après trois jours de combats acharnés dans la boue, dans la pluie, dans la végétation, et dans la transpiration, nous devions baisser les armes face à un ennemi qui revenait toujours en surnombre. Après notre dernière escarmouche, nous attendions patiemment les hélicoptères sur la zone d’atterrissage Romeo, guettant le moindre mouvement de broussaille, ou de putains de chapeaux pointus… On embarquait pour mon seul groupe trois blessés, et un mort. J’étais moi-même blessé, un œil saignant et une cheville en charpie. Mais j’étais le chef de ma section, et malgré la douleur, il fallait que je donne les ordres jusqu’à notre retour au camp. Dans un vacarme tonitruant qui hachait le ciel d’un rythme régulier, un insecte vert armé de deux mitrailleuses latérales arrivait au-dessus de nos têtes. C’était un 28 Fevrier 1967…


28 Octobre 1967 – Mai Wong Hotel
Saigon, Sud-Vietnam


Huit mois ont passés depuis le massacre de la 352. Et je continuai d’en faire des cauchemars. Suant comme un porc, en slip dans cette chambre d’hôtel crapuleux de Saigon, je fixai le ventilateur de plafond tourner. Ça me rappelait les rotations macabres de l’hélice des Huey. Le mur à ma gauche était bouffé par des fissures aussi larges que le canon d’une M16, et la peinture s’écaillait de toute part. Je tournai ma tête vers la droite de mon lit et je découvris avec stupeur le corps d’une femme, complètement nue.

Je ne me souvenais pas du tout de la veille, j’étais trop bourré pour ça. Cette nana, une prostituée vietnamienne, était vraiment mignonne. Elle avait des cheveux bruns raides et fin comme des spaghettis, des yeux verts en forme d’amande, un nez aux traits légers remontant au bout comme une piste de ski, et une fine bouche aux lèvres bien pulpeuses. Allongée sur le ventre, elle me vit la fixer du regard. Elle me fit un petit sourire du coin de sa bouche, m’enlaça et m’embrassait tendrement dans le cou. Etait-elle amoureuse ? Sur le coup je m’en foutai royalement, c’était qu’une pute qui excitait mes hormones de combattant. Je l’enlaçai à mon tour, et me mis à cheval sur son corps frêle et doux. Je vis qu’elle avait une poitrine plutôt généreuse et je m’empressai d’embrasser cette dernière, de la caresser fébrilement. Mais trois coups, toquèrent durement sur la porte de la chambre. Quelle merde !

La petite et moi cachèrent nos deux corps nus sous le drap, et j’ordonnais à l’emmerdeur d’entrer dans la pièce. La porte s’ouvrit dévoilant un jeune sous-fifre de l’armée, portant d’affreuses lunettes rondes.

« Sergent-Chef Hastings ? Je suis le première classe Jimmy Martins.
– Voyez pas que j’étais un peu occupé soldat ? répondis-je d’un ton sarcastique.
– Excusez-moi sergent, mais vous avez reçu votre nouvelle affectation. Le colonel Fisher veut vous voir au QG du MAC-V. dit-il d’un air innocent en recadrant ses lunettes avec son index.
– Quel emmerdeur… Bon et je suppose que c’est vous qui m’accompagnez là-bas ?
– Affirmatif sergent, je vous attends dehors, je serais dans la Jeep devant l’entrée. »

Le soldat sortit de la pièce en prenant soin de fermer la porte. Je regardai ma montre qui indiquait cinq heures et demie du matin. J’enfilai très vite mon treillis, mis un tee-shirt vert olive, attachait mon holster à la ceinture et y plaçai mon Colt chargé. La prostituée me regardait avec des yeux ronds (bizarre pour une bridée…) l’air ahuri, et me posa la question fatale.
« Ou vas-tu G.I. ?
– En guerre… renvoyai-je d’un ton fatigué.
– Toi revenir bientôt ?
– Oui, et quand je reviendrai, je ferais en sorte de te faire gueuler l’hymne américain à chaque coup de rein… dis-je en esquissant un sourire narquois en coin.
– Suki, aime quand G.I. parle comme ça à moi !
– Passe une bonne nuit ma chérie, je te promets qu’on va les massacrer ces enculés de Rouges… »

Après ce petit interrogatoire, je mis mon béret vert en tant que bon force spécial qui se doit, puis ma veste de combat en prenant mes vêtements de rechange. Une fois prêt, je sortis de ma chambre, et déambulait funèbrement dans les escaliers menant au rez-de-chaussée. Au rez-de-chaussée, il y avait des Marines ivres, des soldats Sud-Vietnamiens qui jouaient les piliers de bar, des strip-teaseuses qui filaient la trique aux soldats qui étaient entre l’ivresse et la perversité pure et simple, le tout encadré par la fumée des cigarettes qui planait dans toute la pièce en plus des odeurs de vomis et d’alcool. Je sortis de ce bordel, et pris une Lucky dans la poche droite de ma veste. Mon Zippo se chargea de l’allumer malgré le vent, et c’était clope à la bouche que je m’installais dans la Jeep à la place du mort. Je n’avais vraiment pas envie de taper la causette pendant le voyage, et j’avais pensé que mon regard dur était plutôt éloquent puisqu’il ne parlait pas lui non plus. Après une dizaine de minutes de trajet dans une ville sans grande agitation, nous arrivons au portail du quartier général. Un jeune soldat se mit au garde à vous et leva la barrière. Nous pénétrons dans l’enceinte de la base, et mon chauffeur se gara devant le bâtiment principal.

« Nous y sommes sergent ! Bonne chance !
– Merci soldat, on se reverra peut-être sur le front. »

Je jetai ma clope puis me mis en marche vers le bâtiment, ouvrit la porte à l’accueil et un officier détalant comme un lapin me bouscula à peine entré. Bah putain quel accueil… J’espérais que ce n’était pas tout le monde qui était sur les nerfs. Je vis le panonceau montrant l’accès au bureau du Colonel Fisher.

« Troisième étage, quatrième porte à gauche… » me disais-je dans ma tête.

Je montai au pas de course, et me rendit devant la porte en toquant à trois reprises :

« Sergent-Chef Hastings, 5e Groupe des Forces Spéciales, au rapport mon colonel !
– Bonjour sergent. J’espère que vous avez bien profité de votre permission à l’arrière. demanda le colonel Fisher.
– Oui, mais j’ai hâte de repartir au combat.
– Ne croyez pas si bien dire sergent. Là où nous vous envoyons, c’est pas la petite base bien sécurisée de Da Nang ! Vous êtes affecté dans un bordel nommé Ta Lai, pour former des contingents de LLDB, les forces spéciales Sud-Vietnamiennes, de manière officielle ! s’exclama le colonel en brandissant son poing.
– Pour faire de l’instruction à des fermiers ? Vous vous foutez de moi ?
– En partie ! Parce que votre vraie mission sera d’aller traquer les Charlies jusqu’au Cambodge. La piste Ho-Chi-Minh s’étend en partie jusque-là-bas et nous commençons à y envoyer quelques groupes de combat dans cette zone. Le chef de l’équipe A-302 a été tué avec un de ses gars, et vous allez le remplacer. Le chef du camp de Ta Lai est prévenu de votre arrivée aux alentours de midi, et votre hélicoptère vous attend à l’héliport avec à son bord le sergent Tony Mercer. Je viendrais inspecter le camp régulièrement, alors vous avez intérêt à bien vous tenir avec les montagnards ! Des questions ?
– Non mon colonel.
– Alors rompez ! »

Je me souvenais déjà que des groupes de forces spéciales étaient insérés au Cambodge ou au Laos, mais j’espérais rencontrer un peu de combat. Et puis, jouer les professeurs pour des campagnards qui seraient capable de rater un éléphant dans un couloir c’était pas ce qui me faisait rêver le plus… Mais tel était ma mission, et j’acceptais sans rechigner. J’arrivais à l’héliport, et le vacarme du Huey me rappelait mes « mal de fesses quotidien ». Je balançai mon sac à l’intérieur, et m’asseyait a même le sol de l’hélicoptère. Un homme du genre simplet mais assez athlétique me faisait face assis sur l’un des sièges inconfortables. C’était un brun aux yeux marron, le grand classique. J’avais la flemme d’engager la conversation, alors je sortis un exemplaire du Life Magazine assortis d’une Lucky, et la machine infernale dans un bruit à en arracher les tympans commença à siffler et s’arracha du sol de la manière la plus douce qui soit. C’était reparti pour aller casser du Viet en chaleur !


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