(obligation de lire le prologue pour comprendre à peu près )

Chapitre 1

Je suis certain de ne pas avoir cligné des yeux : la lumière vient bien de s'éteindre pendant une seconde! C'est quoi ce train qui défaille? Mais le pire, c'est qu'il n'y a plus personne! En une seule mini-seconde, il n'y a plus âme qui vive dans ce train. Je disjoncte, c'est pas possible.
Pourtant j'essaie de me rattacher à la raison, alors tout en regardant autour de moi je me persuade que le rendez-vous s'est déjà déroulé, et que je suis dans le train du retour, et que j'ai subitement tout oublié... Mais non, enfin merde, c'est carrément impossible, le train est identique. Je suis à la même place, et mes affaires sont disposées exactement de la même façon sur la tablette.

Je commence à avoir peur ; ça me fait bizarre parce que je n'ai pas l'habitude de me retrouver à la place des personnages de films d'épouvante. Généralement je me plais à bouffer des chips assis confortablement devant mon PC, me délectant de la peur des protagonistes, sauf que là tout a l'air de s'inverser.
Alors instinctivement, j'inspecte le wagon pour voir s'il n'y a pas des caméras cachées. C'est peut-être une bonne blague, genre tout le monde s'est mis d'accord pour me foutre la trouille... Mais enfin non bordel, pas en une seconde! On ne peut pas dissimuler la population d'un wagon en un claquement de doigts, c'est carrément absurde : ma raison perd les pédales. Je suis face à un mur.

Et pour rajouter de la tension, le train continue sa course à travers le tunnel. Ça veut dire qu'il y a un conducteur? Il y a bien quelqu'un pour maintenir cette machine en course, ça ne bouge pas tout seul, il me semble. Le problème c'est qu'à part la lumière diffusée par les plafonniers, il n'y a rien d'autre pour s'éclairer. Donc si ça saute encore, et plus longtemps... Je ferais mieux de me bouger.
J'ai la "chance" d'être au dernier wagon du train, donc après cette petite inspection, j'ai la certitude que personne ne pourra me surprendre par derrière. Je commence effectivement à redouter ce qui va se produire lorsque je franchirai la porte : peut-être y a-t-il des gens de l'autre côté? Je suis peut-être dans le seul wagon touché par ce phénomène? Avec cette idée en tête, je m'élance avec espoir vers la sortie mais avec dépit, je me rends compte que dans la voiture suivante, il n'y a pas âme qui vive. De la même façon, les bagages des voyageurs n'ont pas bougé, comme si tout le monde était parti pisser en même temps, laissant leurs affaires derrière eux.

Petit à petit, je me sens déchanter. Je m'assieds par terre, je prends ma tête entre les mains et fais d'abord le vide dans ma tête. Il s'agit de repartir du début, de reprendre le problème à la base. Qu'est-ce que je n'ai pas fait? Qu'est-ce qui cloche? La raison de ce phénomène est sûrement liée à moi, puisque je suis apparemment le seul type encore présent dans le train. Mais où sont les autres, bon sang? Je me mets bêtement à me demander qui j'aurais aimé avoir à côté de moi, à cet instant critique. Au moment où je me dis que ce serait ma copine, je me rends compte que j'ai été assez con pour ne pas utiliser mon téléphone portable.
Je me relève en sursaut pour le sortir de ma poche, et au moment où je le prends en main, il se met à sonner. Avec stupeur, je lis que c'est mon père qui m'appelle.