15h00 

Le train filait à toute allure vers la capitale. Jean Théopolde était presque seul dans le wagon, sa tête posé contre la fenêtre, et balayant du regard les paysages recouvert de neige qui défilaient sous ses yeux. En temps normal, il il serait en cours d'anglais. A ses côtés , Huta et Pierre Bachir s'amuseraient à caler le plus de mots possible issue de leur vocabulaire geek dans leurs devoirs. JT avait quelque peu négligé ses potes depuis sa douloureuse histoire avec la fille. Quoi que même avant, n'ayant d'yeux que pour elle, il avait fais moins attention à eux. C'était con de sa part, en y repensant il avait eu de bon délire avec ces types. Certes, ce n'étaient pas les BG populaire du lycée qui l'emmenait en boite tout les samedi soirs... Mais c'était des types un peu comme lui, ils avaient les mêmes passions, et eux aussi espéraient un jour sortir du célibat et de l'ombre pour se faire une place au soleil... L'un d'eux avait d'ailleurs réussi... 

Après il serait rentré chez lui, aurait pris son goûté en regardant la télé sans vraiment la regarder, puis il serait monté s'enfermer dans sa chambre pour allumer le pc et ne plus décrocher que pour aller manger, puis, vers 1 heure du mat', aller dormir et se réveiller le lendemain, pour recommencer encore, et encore. Au final, il ne tenait qu'à lui de briser ce cercle monotone, mais JT n'en avait jamais eu la motivation, se contentant de se lamenter sur sa sinistre condition. 

Le soleil se réfléchissant dans la neige éblouissait ses yeux, JT détourna le regard, pour se concentrer sur les autres passagers. Pourquoi n'avait-il pas pris sa vie en main plus tôt ? Il n'était pas dépressif, il errait juste sans but, ronger par un passé dont il n'arrivait pas à se défaire, mais avait-il seulement essayé? 

Le train arriva en gare, et le brouhat ambiant fit vite déguerpir JT qui préférait se fondre et se morfondre dans le calme et le silence. Il n'y avait pas grand monde dans les rue de la Capitale, la neige et le froid se montrant tout de même très dissuasif pour des gens habitués au confort. JT arriva à un parc, ( parc des Vosges pour ceux qui connaissent ) C'était là qu'il avait eu rendez-vous la première fois avec la fille. A cette époque, ils se parlaient juste sur msn, et peu au lycée. Elle lui avait demandé son MSN pour récupérer des cours, et vu qu'ils étaient voisin de table, la réputation d'élève sérieux de JT fit le reste... Très vite la conversation avait dévié, JT était assez surpris qu'une fille puisse s'intéresser à lui, même si c'était juste pour des devoirs... Ils se découvrirent une passion commune pour le cinéma, notamment les film d'horreur. JT aimait bien ça, mais il ne pouvait s'empêcher de flipper comme pas possible quand il en voyait un, ce qui avait le don de faire beaucoup rire la fille
Après quelques semaines où ils ne se parlaient que sur msn et dans le cours où ils étaient voisin, Jean Théopolde lui avait expliqué son complexe pour les films d'horreurs, la fille fut surpris, et proposa alors d'aller au cinéma avec lui pour vérifier si il était si peureu. JT n'en revenait pas ! Mais d'un côté il ne pouvait passer pour une fiotte devant cette fille pour qui ses sentiments grandissaient de jour en jour... Il accepta, et eut la honte de sa vie, mais également plusieurs fous rire mémorables. Depuis, à chaque fois qu'un nouveau film d'horreur sortait, elle l'appelait spontanément pour qu'ils y aillent ensemble... Puis elle avait commencé à l'appeler pour d'autres trucs... Elle appréciait son petit côté geek qui le différenciait des autres garçons, sa maladresse touchante quand il essayait de faire « le mec », elle se mit à lui confier des trucs plus important et allait s'asseoir avec lui dans les autres cours, ce qui ne manquait pas de faire rager sa belle bande de camarade nolife. Il avait même commencé à l'initier aux jeux vidéos, le jour où elle avait enfin réussi à le fraguer sur CoD elle était si fière d'elle, que devant la mine dépité de Jean, elle avait consenti à le prendre dans ses bras pour le consoler – et se foutre de lui un peu quand même – ce qui fut effectivement très efficace pour lui remonter le moral. 


Jean fixait le parc délaissé de ses habituels habitants à cause du froid. Le froid mêlé au silence donnait une impression vraiment morbide à cette endroit qui fut pour Jean, le point de départ de sa vie, et de sa mort aussi en quelque sorte. 

Non loin, deux gosses faisaient un gros bonhomme de neige... Ah l'enfance, le bon temps de l'innocence, celle ou Ryan n'était pas encore un gros con et où il n'avait qu'un chien, tout petit. Il aimerait pouvoir remonter le temps à cette époque là, quand sa seule préoccupation était de ne pas rentrer trop tard pour pas louper le début des dessins animés. Jean se faisait de la peine à lui même en nourrissant ce genre de pensées puériles. 

Un gros bruit le ramena brutalement à la réalité. Derrière une femme d'un certain age venait de se vautrer dans la neige. Jean ne put retenir un petit rire, puis vint proposer son aide pour que la femme puisse se relever. Celle-ci semblait si surpris que quelqu'un daigne lui porter secours, qu'elle resta un moment à genoux dans la neige, avant de finalement saisir la main de Jean Théopolde, et de se relever. Elle le remercia, et lui proposa de lui offrir un chocolat chaud au café d'en face, en compensation pour son geste... Jean jeta un dernier coup d'oeil au parc, les enfants venaient de décapiter leur bonhomme de neige, il aperçus également une silhouette féminine au loin. Bien entendu, son esprit imagina tout de suite que c'était elle, et devant la déception évidente, JT choisit de se faire offrir un truc chaud, c'était pas souvent qu'on lui offrait un truc, autant profiter.