Note de la fic :
Publié le 21/06/2012 à 19:30:36 par KRASHFLAM
(Je suis un faible : j'ai pas écrit tout le chapitre d'un coup, pour une fois)
Scène 1 : Un projet d'assassinat
Posés dans la demeure nouvellement investie, William et les plus rusés d'entre nous étaient en pleine réflexion autour de la table du salon. Pendant ce temps-là, nous mangions le contenu restant des placards et nous remémorions les moments qui nous avaient le plus frappés au cours du début de cette micro-révolution.
Je ne savais pas trop ce que notre chef mijotait, mais il semblait plus optimiste qu'il l'avait été depuis le début. Il nous appela finalement dans le salon alors que nous finissions notre maigre repas.
La maison était modeste mais plutôt grande. Elle comptait deux étages de chacun quatre pièces. Le rez-de-chaussée était occupé par une salle de bain, une cuisine, un salon et une salle à manger tandis que l'étage comportait les chambres de deux enfants, la chambre des parents et une salle qui semblait entièrement destinée à une collection de récompenses du Triangle. Des coupes et des médailles ornaient tous les murs, et je devinai que le maître de maison devait être militaire. Il devait donc y avoir des armes quelque part.
Lorsque j'arrivai devant William, il semblait jovial. Cela m'étonna car il était habituellement plutôt préoccupé et ne semblait jamais heureux. Là, alors que la situation était des plus graves, il nous portait un sourire qui me parut naturel.
– Mes camarades, mes frères ! Notre plan est tout trouvé : nous allons poser une bombe dans l'auditorium.
Mon cœur se remit à battre très vite. Nous allions tuer quelqu'un d'autre. Notre cause, dont le but était la paix et la liberté, avait déjà abattu deux hommes.
– Mais ne vous inquiétez pas ! Nous ne tuerons pas de civil. La bombe sera placée dans la loge supérieure, où s'assoira notre Premier Ministre Colin Subber lors des discours du Dirigeant. Cela tombe bien, puisque ce poste de radio vient justement de m'informer qu'O'Down en tiendra un ce soir à dix-huit heures. Je sais que tout est fouillé une heure à l'avance, la fouille s'achèvera sûrement vers dix-sept heures dix, ce qui nous laisse cinquante minutes pour mettre en place les explosifs.
Je ne savais que penser de ce meurtre que nous allions commettre. J'étais là, motivé, mais redoutant mes actes. Nous allions attenter, profitant d'une entracte.
Je pensai à ma sœur, une fois de plus. Je l'avais vu la dernière fois une semaine avant mon appel. Elle avait toujours été souriante, et je craignais qu'elle ne l'était plus.
Nos parents étaient morts dans un accident de voiture quand j'avais vingt ans, elle n'en avait alors que treize. C'était moi, son père, qui l'avait soutenu pendant tout ce temps. J'avais perdu ma fille.
Il était déjà seize heures, et nous devions nous dépêcher. Nous allâmes dans la rue après nous être assurés que nul n'y surveillait, puis nous progressâmes vers l'auditorium, dans lequel tout le district était réuni.
Nous ne tardâmes pas à apercevoir le premier garde : il se tenait à moins de trois cent mètres de notre maison. Je lui tirai dans le genou afin de le mettre à terre sans l'abattre. J'avais horreur des meurtres.
Il avait reconnu George, Lewis et Dean. Il savait qu'il s'agissait de ses ex-collègues. Ils lui adressèrent un salut respectueux, comme désolés d'être rentrés dans La Cause. Ils nous étaient fidèles, j'en étais sûr, mais ils n'avaient pas oublié les quelques bons souvenirs qu'ils avaient passé à « chasser du rebelle » ensemble dans les rues de Trigoniapolis, district C22.
Ils étaient né dans ce quartier et y avaient marché pendant des journées entières, et ils savaient très bien où rôdaient les gardes habituellement. C'est grâce à eux que nous ne croisâmes plus aucun agent du Triangle sur notre chemin vers l'amphithéâtre.
Lorsque nous arrivâmes devant l'auditorium, je me rendis compte de sa grandeur. Il était immense et mesurait au moins trente mètres de hauteur, mais ce qui m'impressionna le plus fut sa taille : il s'agissait d'un énorme complexe circulaire dont le diamètre devait allègrement dépasser trois cent mètres.
Je réalisai soudain que dix mille personnes y étaient réunies, au moment où nous y pénétrions. Nous allions agir comme des terroristes, et cela me déplaisait. De plus, nous étions sur le point de tenter la discrétion devant tout le district, devant mes ex-collègues, mes amis d'enfance et des connaissances qui pouvaient me reconnaître. J'étais toujours le même, mais j'avais une mission. Ça n'allait pas être facile, j'en étais certain.
Scène 2 : L'auditorium
Avant notre départ, William avait récupéré les armes de l'ancien propriétaire de la maison. Il avait notamment récupéré une bombe que nous pouvions faire exploser à distance : un bijou, un miracle qui allait nous permettre de mener à bien notre projet.
L'auditorium était bien construit. L'immense partie du bâtiment qui avait été reconvertie en salles d'habitation aurait très bien pu accueillir deux fois plus de monde qu'il n'y en avait. Cela m'avait étonné de penser que les dix mille habitants vivaient dans un seul lieu, mais j'avais désormais compris.
Il n'y avait plus dix mille hommes : on entendait chaque jour, à la radio, que la famine et une épidémie de diarrhée étaient en train de décimer la population. Il restait encore sept mille personnes dans ce district, réunies dans ce bâtiment, mais leur confinement dans cet espace réduit rendait aisée la propagation du virus.
C'est Lewis qui trouva la meilleure solution : il allait assommer un technicien de surface et lui prendre son rôle ainsi que ses vêtements. Cette vieille technique surfaite dans les films d'actions à bas budget était notre seule solution. Et il faut avouer qu'elle était maline : ainsi, Lewis pouvait poser la bombe alors que la vérification était encore en train d'être effectuée : sa présence était tout à fait justifiée, à condition qu'il emporte un balai et un seau avec lui, évidemment.
Mais le problème était que ceux qui opéraient dans la sécurisation antiterroriste de l'endroit étaient eux aussi des miliciens, qui connaissaient très bien Lewis. Je me proposai donc pour me charger de cela. Je n'aimais pas trop prendre de risques, mais nul ne semblait prêt à le faire. Je m'en savais capable.
Je gravis l'escalier qui conduisait à l'étage où allait siéger le premier ministre une heure après et me dirigeai vers la loge qu'il allait lui aussi occuper. C'était la meilleure place du premier étage, elle était exactement au milieu, au fond de la salle.
Des espèces de jumelles étaient disposées très soigneusement sur les sièges afin de voir les moindres détails de la scène. J'eus une pensée amusante en pensant à un gros monsieur bien habillé, venu voir un discours, et s'asseyant sur son siège sans voir ses jumelles en les cassant. Ça avait bien dû arriver, depuis le temps que cet amphithéâtre existait !
L'humour, ça faisait bien longtemps que je n'y avais plus pensé !
Je cherchais un endroit où poser la bombe. Il fallait un endroit discret, qui ne serait pas examiné par le premier ministre lors de son arrivée. L'explosif qui se trouvait dans un seau, recouvert d'un torchon pour garder mon rôle crédible, était tout de même assez encombrant, et le mettre sous le siège aurait été idiot : il aurait très probablement été trouvé dès l'arrivée de Subber.
Non, il fallait une meilleure cachette pour ce colis piégé. Je le plaçai finalement dans la poubelle, en dessous du sac plastique : il était absolument inconcevable que Colin y regarde.
J'avais accompli ma mission, je sortis de la loge et aperçus un milicien au dehors. Je brandis mon balai et me mis à nettoyer les quelques poussières qui n'avaient été que grossièrement déplacées par le technicien de surface sûrement lassé qui avait déjà été chargé de cela.
– Bonjour, collègue. Ça va être un beau discours, aujourd'hui !
Je ne savais quoi répondre, je me contentai d'un simple « Bonjour à toi aussi. ». J'étais pleinement dans mon rôle et l'idée me vint de vraiment nettoyer le sol, lorsque je repris la raison et allai retrouver mes camarades de La Cause.
– La bombe est posée !
Sitôt l'annonce de ma réussite faite, tous m'applaudirent et semblèrent retrouver la joie qui n'était pas l'émotion la plus présente parmi nos rangs. C'était une belle journée, définitivement. Nous étions de bonne humeur.
Puis je repensai à ce que nous allions faire. Nous allions supprimer la vie d'un homme qui ne nous avait jamais rien fait, du moins directement. Il ne s'agissait pas de légitime défense, c'était un assassinat. J'étais un terroriste.
Je me rappelle encore les images qui étaient régulièrement diffusées sur les télés de la Cité, lorsqu'on nous montrait des écologistes extrémistes en train de prononcer un discours virulent et agressif contre les compagnies pétrolières, ou contre l'exploitation des filons d'uranium. Cette guerre des mots était intimement liée avec la guerre du sang qui se tramait dans les usines, lorsque les terroristes écologistes venaient y commettre un attentat suicide. J'avais toujours trouvé ça stupide de tuer des gens pour une idéologie, voire même de perdre la vie pour elle, mais désormais j'étais comme ces gens.
J'étais un terroriste. J'étais un opposant au Régime.
Le Triangle allait me condamner sévèrement.
Scène 1 : Un projet d'assassinat
Posés dans la demeure nouvellement investie, William et les plus rusés d'entre nous étaient en pleine réflexion autour de la table du salon. Pendant ce temps-là, nous mangions le contenu restant des placards et nous remémorions les moments qui nous avaient le plus frappés au cours du début de cette micro-révolution.
Je ne savais pas trop ce que notre chef mijotait, mais il semblait plus optimiste qu'il l'avait été depuis le début. Il nous appela finalement dans le salon alors que nous finissions notre maigre repas.
La maison était modeste mais plutôt grande. Elle comptait deux étages de chacun quatre pièces. Le rez-de-chaussée était occupé par une salle de bain, une cuisine, un salon et une salle à manger tandis que l'étage comportait les chambres de deux enfants, la chambre des parents et une salle qui semblait entièrement destinée à une collection de récompenses du Triangle. Des coupes et des médailles ornaient tous les murs, et je devinai que le maître de maison devait être militaire. Il devait donc y avoir des armes quelque part.
Lorsque j'arrivai devant William, il semblait jovial. Cela m'étonna car il était habituellement plutôt préoccupé et ne semblait jamais heureux. Là, alors que la situation était des plus graves, il nous portait un sourire qui me parut naturel.
– Mes camarades, mes frères ! Notre plan est tout trouvé : nous allons poser une bombe dans l'auditorium.
Mon cœur se remit à battre très vite. Nous allions tuer quelqu'un d'autre. Notre cause, dont le but était la paix et la liberté, avait déjà abattu deux hommes.
– Mais ne vous inquiétez pas ! Nous ne tuerons pas de civil. La bombe sera placée dans la loge supérieure, où s'assoira notre Premier Ministre Colin Subber lors des discours du Dirigeant. Cela tombe bien, puisque ce poste de radio vient justement de m'informer qu'O'Down en tiendra un ce soir à dix-huit heures. Je sais que tout est fouillé une heure à l'avance, la fouille s'achèvera sûrement vers dix-sept heures dix, ce qui nous laisse cinquante minutes pour mettre en place les explosifs.
Je ne savais que penser de ce meurtre que nous allions commettre. J'étais là, motivé, mais redoutant mes actes. Nous allions attenter, profitant d'une entracte.
Je pensai à ma sœur, une fois de plus. Je l'avais vu la dernière fois une semaine avant mon appel. Elle avait toujours été souriante, et je craignais qu'elle ne l'était plus.
Nos parents étaient morts dans un accident de voiture quand j'avais vingt ans, elle n'en avait alors que treize. C'était moi, son père, qui l'avait soutenu pendant tout ce temps. J'avais perdu ma fille.
Il était déjà seize heures, et nous devions nous dépêcher. Nous allâmes dans la rue après nous être assurés que nul n'y surveillait, puis nous progressâmes vers l'auditorium, dans lequel tout le district était réuni.
Nous ne tardâmes pas à apercevoir le premier garde : il se tenait à moins de trois cent mètres de notre maison. Je lui tirai dans le genou afin de le mettre à terre sans l'abattre. J'avais horreur des meurtres.
Il avait reconnu George, Lewis et Dean. Il savait qu'il s'agissait de ses ex-collègues. Ils lui adressèrent un salut respectueux, comme désolés d'être rentrés dans La Cause. Ils nous étaient fidèles, j'en étais sûr, mais ils n'avaient pas oublié les quelques bons souvenirs qu'ils avaient passé à « chasser du rebelle » ensemble dans les rues de Trigoniapolis, district C22.
Ils étaient né dans ce quartier et y avaient marché pendant des journées entières, et ils savaient très bien où rôdaient les gardes habituellement. C'est grâce à eux que nous ne croisâmes plus aucun agent du Triangle sur notre chemin vers l'amphithéâtre.
Lorsque nous arrivâmes devant l'auditorium, je me rendis compte de sa grandeur. Il était immense et mesurait au moins trente mètres de hauteur, mais ce qui m'impressionna le plus fut sa taille : il s'agissait d'un énorme complexe circulaire dont le diamètre devait allègrement dépasser trois cent mètres.
Je réalisai soudain que dix mille personnes y étaient réunies, au moment où nous y pénétrions. Nous allions agir comme des terroristes, et cela me déplaisait. De plus, nous étions sur le point de tenter la discrétion devant tout le district, devant mes ex-collègues, mes amis d'enfance et des connaissances qui pouvaient me reconnaître. J'étais toujours le même, mais j'avais une mission. Ça n'allait pas être facile, j'en étais certain.
Scène 2 : L'auditorium
Avant notre départ, William avait récupéré les armes de l'ancien propriétaire de la maison. Il avait notamment récupéré une bombe que nous pouvions faire exploser à distance : un bijou, un miracle qui allait nous permettre de mener à bien notre projet.
L'auditorium était bien construit. L'immense partie du bâtiment qui avait été reconvertie en salles d'habitation aurait très bien pu accueillir deux fois plus de monde qu'il n'y en avait. Cela m'avait étonné de penser que les dix mille habitants vivaient dans un seul lieu, mais j'avais désormais compris.
Il n'y avait plus dix mille hommes : on entendait chaque jour, à la radio, que la famine et une épidémie de diarrhée étaient en train de décimer la population. Il restait encore sept mille personnes dans ce district, réunies dans ce bâtiment, mais leur confinement dans cet espace réduit rendait aisée la propagation du virus.
C'est Lewis qui trouva la meilleure solution : il allait assommer un technicien de surface et lui prendre son rôle ainsi que ses vêtements. Cette vieille technique surfaite dans les films d'actions à bas budget était notre seule solution. Et il faut avouer qu'elle était maline : ainsi, Lewis pouvait poser la bombe alors que la vérification était encore en train d'être effectuée : sa présence était tout à fait justifiée, à condition qu'il emporte un balai et un seau avec lui, évidemment.
Mais le problème était que ceux qui opéraient dans la sécurisation antiterroriste de l'endroit étaient eux aussi des miliciens, qui connaissaient très bien Lewis. Je me proposai donc pour me charger de cela. Je n'aimais pas trop prendre de risques, mais nul ne semblait prêt à le faire. Je m'en savais capable.
Je gravis l'escalier qui conduisait à l'étage où allait siéger le premier ministre une heure après et me dirigeai vers la loge qu'il allait lui aussi occuper. C'était la meilleure place du premier étage, elle était exactement au milieu, au fond de la salle.
Des espèces de jumelles étaient disposées très soigneusement sur les sièges afin de voir les moindres détails de la scène. J'eus une pensée amusante en pensant à un gros monsieur bien habillé, venu voir un discours, et s'asseyant sur son siège sans voir ses jumelles en les cassant. Ça avait bien dû arriver, depuis le temps que cet amphithéâtre existait !
L'humour, ça faisait bien longtemps que je n'y avais plus pensé !
Je cherchais un endroit où poser la bombe. Il fallait un endroit discret, qui ne serait pas examiné par le premier ministre lors de son arrivée. L'explosif qui se trouvait dans un seau, recouvert d'un torchon pour garder mon rôle crédible, était tout de même assez encombrant, et le mettre sous le siège aurait été idiot : il aurait très probablement été trouvé dès l'arrivée de Subber.
Non, il fallait une meilleure cachette pour ce colis piégé. Je le plaçai finalement dans la poubelle, en dessous du sac plastique : il était absolument inconcevable que Colin y regarde.
J'avais accompli ma mission, je sortis de la loge et aperçus un milicien au dehors. Je brandis mon balai et me mis à nettoyer les quelques poussières qui n'avaient été que grossièrement déplacées par le technicien de surface sûrement lassé qui avait déjà été chargé de cela.
– Bonjour, collègue. Ça va être un beau discours, aujourd'hui !
Je ne savais quoi répondre, je me contentai d'un simple « Bonjour à toi aussi. ». J'étais pleinement dans mon rôle et l'idée me vint de vraiment nettoyer le sol, lorsque je repris la raison et allai retrouver mes camarades de La Cause.
– La bombe est posée !
Sitôt l'annonce de ma réussite faite, tous m'applaudirent et semblèrent retrouver la joie qui n'était pas l'émotion la plus présente parmi nos rangs. C'était une belle journée, définitivement. Nous étions de bonne humeur.
Puis je repensai à ce que nous allions faire. Nous allions supprimer la vie d'un homme qui ne nous avait jamais rien fait, du moins directement. Il ne s'agissait pas de légitime défense, c'était un assassinat. J'étais un terroriste.
Je me rappelle encore les images qui étaient régulièrement diffusées sur les télés de la Cité, lorsqu'on nous montrait des écologistes extrémistes en train de prononcer un discours virulent et agressif contre les compagnies pétrolières, ou contre l'exploitation des filons d'uranium. Cette guerre des mots était intimement liée avec la guerre du sang qui se tramait dans les usines, lorsque les terroristes écologistes venaient y commettre un attentat suicide. J'avais toujours trouvé ça stupide de tuer des gens pour une idéologie, voire même de perdre la vie pour elle, mais désormais j'étais comme ces gens.
J'étais un terroriste. J'étais un opposant au Régime.
Le Triangle allait me condamner sévèrement.