HS : Pour le peu de personnes qui me connaissent, j'ai en tête une histoire bien rodée qui devrait s'étaler sur une dizaine de chapitres. Pas de panique, cette fois-ci, je compte bien terminer cette fic !


Les cloches chantent en coeur un enterrement. Je fais mine de fixer le cercueil, mais mon regard flotte dans le vide. Aucune pensée ne traverse mon esprit, et je me tiens droit, aux côtés de mes parents. Mon père est en larmes, et, ce doit bien être la première fois de mon existence que je le vois pleurer. Et c'est compréhensible, car c'est mon frère qu'on enterre. Et pourtant, aucun liquide salé ne vient perturber mes joues. Non pas que sois insensible à sa mort, c'est juste que, je ne sais pas, je n'arrive pas à pleurer. Mon frère, ça a toujours été l'emmerdeur, quand il était là. Et ces derniers temps, il était toujours absent. Alors j'ai fini par m'y habituer, tout simplement. Un vent humide souffle sur la cérémonie. L'orage n'allait pas tarder. C'est l'heure de l'hommage, mais papa a la gorge nouée. Ses pupilles sont dilatées, ses yeux virent presque au violet tant il se les frotte. Ma mère se joint à ses côtés et prend la parole devant une petite foule, des amis pour la plupart. Pas les miens, évidemment.

"- J'ai perdu un fils aujourd'hui, et nous avons tous perdu cet être proche. Cédric s'est toujours battu, et, comme vous devez le savoir, il n'a pas eu la vie rose. Mais vingt-et-un ans... c'est... je... "

La voilà qui perd ses moyens à son tour. Je meurs d'envie de prendre la parole. Reprendre son discours, mais en moins édulcoré. Leur rappeler que si Cédric est mort aujourd'hui, ça n'est pas juste à cause de deux agresseurs complètement cons, ça n'est pas non plus à cause du sac à dos qu'on lui a volé, ni à cause de ses maladresses. Non, mon frère s'est fait tué alors qu'il avait enfin arrêté ses conneries. La drogue, la vente, toute cette merde. Et peut-être mes parents sont-ils trop aveuglés en ce moment même pour se responsabiliser. Moi, pourtant, je n'ai rien oublié. Ni la soirée où mon père a découvert la planque de drogue de mon frère, ni les mois de galère pour lui à errer de potes en potes pour ne pas passer la nuit dehors après que mon père l'ait mis à la porte à dix-huit ans. Et encore moins la vie qui a repris son cours par la suite, comme si de rien n'était. Sa chambre vide. Toujours vide. Et ce vide qui ne fut jamais comblé à nouveau. Et mes parents qui souriaient à nouveau. Comme si de rien n'était. Et les voilà, maintenant, pleurant à chaudes larmes. Merde, je suis en colère, oui. Pas pour sa mort. Il n'a pas eu le temps d'être heureux. Il cherchait encore un sens à sa vie. Et moi, au milieu de ces gens, je me questionne. Quels chemins vais-je emprunter ?